lundi, février 07, 2011

cybernéant

D'un ton complexe unifiant neutralité, naïveté et politesse, il m'a dit "oh désolé ! je ne voulais pas vous importuner. Je trouve très intéressant les choses qui vous avez mises ici, mais je vais vous laisser l'en apprécier les qualités en paix. Au plaisir de vous revoir.". C'est la première chose qui est arrivé quand je me suis connecté pour la première fois sur mon premier programme test complet de cyberespace. Cet homme était là, dans la petite pièce que j'ai créé, à regarder les murs comme dans un musée. Dès que je suis entré, il s'est redressé pour m'adresser la parole et est parti en remettant le veston de son costume trois pièces par une porte que je n'avais pas programmée. La première chose que je me suis dis est que je n'aurais pas du faire ces expériences pendant que j'étais seul dans le laboratoire. J'ai fais les test que j'étais venu faire en pensant à toutes les possibilités expliquant la présence de cette homme ici plus tôt. Je suis sorti et j'ai regardé les différents résultats des tests et surtout, les enregistrements. Sonore : rien dont je ne suis pas la source. Visuel : je suis seul dans la pièce tout le long, au début je resté figé une minute et douze secondes et ensuite on voit très clairement que j'ai la tête ailleurs en faisant mes tests. La deuxième porte n'apparaît ni dans la représentation du cyberespace sur l'écran, ni dans les codes d'entrée/sortie du réseau.

Alors j'ai fait une cafetière neuve et je me suis reconnecté sur mon cyberespace. Debout au milieu de la pièce, il m'attendait avec un très grand sourire qui m'a tout de suite rendu inconfortable.

-Monsieur ! Quelle joie de vous revoir !
-J'ai des questions.
-J'ai des réponses ! Assoyons-nous.

C'est à ce moment que j'ai remarqué les deux fauteuils capitonnés rouges dans le coin de la pièce. Fauteuils que je n'avais évidement pas programmé. En s'assoyant, j'ai remarqué comment l'inconfort de ses mouvements contrastait avec la classe de sa posture et de ses manières. Il portait le même complet et venait encore d'enlever son veston pour l'accrocher sur le dos de son fauteuil.

Maintenant virtuellement confortable, je me devais de savoir ce qui se passait

-Que faites-vous ici ?
-Comme vous mon cher : je viens voir ces informations que vous avez laissé. C'est bien pour cette raison que vous êtes ici non ?
-Pas tout à fait, voyez vous j'ai créé cet endroit et ...
-Ah non ! J'ai le regret de devoir vous corriger. C'est moi qui ai créé cet endroit.
-Pardon ?

Je me demandais si j'avais bien entendu mais je me suis rappeler que mes oreilles n'entendaient rien puisque les électrodes étaient connectés directement dans ma moelle épinière.

-Vous dites que c'est vous qui avez fait tout ce qui est autour de nous ?
-Non, en effet, pas tout. Il est vrai que c'est vous qui avez mis cette pièce ici.
-Mais il n'y a rien d'autre que cette pièce ici ! Il n'y a rien d'autre en dehors d'ici.

Il a fait une drôle de grimace d'incompréhension et après quelques secondes de réflexions, il se pencha un peu vers moi et dit :

-Vous semblez sous estimer le "rien d'autre" mon ami. Selon votre vision du "rien", en dehors de cette pièce, même le rien n'y serais pas. Par contre, le "rien" est là.
-Vous avez donc créé ce "rien" ?
-Voilà !
-Et vous avez piraté le réseau fermé et sécurisé du laboratoire en plus de pirater mon ordinateur pour venir me dire que sans vous mon projet n'aurait pas marché puisque je n'aurais pas eu de "rien" où mettre mon cyberespace ?

Encore des sourcils d'incompréhension.

-Absolument, par contre c'est vous qui vous êtes connecté à mon réseau.
 
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