"extrait d'un ouvrage en cours"
Aujourd'hui, à l'aube, il pleuvait et au soir il pleuvait encore. Une grosse pluie fraiche qui jette un rideau autour de la maison, accentuant mon isolement bienfaiteur. Il n'y a rien qui pouvait m'atteindre et j'étais bien. Après déjeuner, j'ai pris un livre et ma pipe avec, entre autre, du tabac et je suis allé au bout de l'île dans mon gazebo. Toute la journée, j'y ai écouté la pluie, bien emmitouflé dans une couverture de laine. Mes chiens m'ont rejoint au milieu de la journée. Ils se sont couchés à mes pieds jusqu'à ce que je parte. Je n'ai pas ouvert mon livre du tout, mais ma pipe a bien servi. La lumière du ciel ennuagé ne variant pas, j'avais l'impression que la journée s'était arrêté, doucement, et la fumée de ma pipe est venue comfirmer mes impressions. La première bouffé, toujours la meilleure, m'a plongé hors du temps, comme un poisson sautant au dessus de la rivière, libre de son courrant pour un instant ou deux. Le voile de la fumée s'est additionné à celui de la pluie : une bulle dans une bulle. J'ai fixé l'éternité pendant des jours on dirait. Assez pour que je finisse par avoir peur de la percer. Puis la peur a été éclipsé par la curiosité. Je sentais l'infini céder comme la vieille coque d'un navire dans sa dernière tempête. Ma conscience allait l'éventrer et l'envahir quand une corne de brume m'a réveillé. Elle semblait être à des kilomètres, mais la voie maritime est très proche. Sans la pluie, j'aurais pu lire le nom de ce navire qui a sauvé l'infini d"un naufrage dans la mer de mes pensées.
mardi, novembre 21, 2006
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